Science-fiction | dystopie | cyberpunk
Projet ANT

Jusqu'où iriez-vous pour défendre vos idéaux ?

L'affaire de l'Onyx à peine résolue, de nouveaux événements préoccupent les Brigades : la disparition de Reuben, des attentats, l'instauration de mesures sécuritaires liberticides...

Que prépare le Conclave ? Et si tout était lié ?

Quand l'organisation des Brigades du Réveil tombe, Liah, Naïm et Valentin doivent prendre leurs responsabilités. Désormais, ils sont seuls maîtres de leur destin.

Comment garder le cap dans la tourmente ? Quelle empreinte laisseront-ils dans le mouvement ?

Et surtout : la fin justifie-t-elle les moyens ?

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Ce que les lecteurs en disent...

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Projet ANT

Ghostech

Le second tome des Brigades du Réveil explore les thématiques liées à la corporation des technologies, Ghostech. Il répartit la parole entre Liah et Naïm, comme le premier tome, mais donne également voix à Valentin, ce qui permet une immersion en profondeur du côté des Exclus.

Une fois de plus, nos protagonistes ne sont pas épargnés dans cet opus ! Les épreuves qu'ils vont traverser vont les amener au bout d'eux-mêmes. Pour le pire, comme le meilleur...

Personnages Projet ANT

Les personnages

  • Liah, jeune biochimiste, a été élevée avec la doctrine du pouvoir en place, jusqu'à en épouser les préceptes. Quand l'impensable la touche dans sa chair, ses certitudes volent en éclat. Qui a tort ? Qui a raison ? Et surtout : à qui se fier ?
  • Naïm serre les dents et les poings ; il ronge son frein en attendant de voir un jour, peut-être, ses idéaux prendre vie et sa lutte se terminer. Tiendra-t-il jusque-là ? Ses principes moraux résisteront-il aux épreuves qu'il devra traverser ? La frontière entre le bien et le mal est parfois si floue !
  • Valentin est né avec les mauvaises cartes en main. Dépisté, il reste condamné à survivre de l'autre côté du mur, avec les Exclus. Pourtant, il ne s'avoue pas vaincu et voue ce qui lui reste d'existence à rétablir la justice pour les siens.

L'histoire

  • Onyx tournait autour de Syne Solutions, la corporation dédiée à la santé et à la nutrition. Projet ANT explore Ghostech, la firme des technologies. Avec toutes les thématiques qui s'y rapportent : intelligence artificielle, implants cybernétique, sécurité informatique... Ou insécurité ! On découvre un peu mieux le fonctionnement des I.N.I. (implants neurologiques intelligents) que certains personnages ont dans le cerveau et qui leur permet d'accéder à toutes sortes de services.
  • Dans Projet ANT, un troisième personnage les rejoint Naïm et Liah : Valentin. Cet homme d'âge mûr vit chez les Exclus ; il est le fondateur du clan des Semeurs. Son point de vue permet d'explorer ces territoires assez peu survolés dans le premier tome.
  • Entre sécurité et liberté, le gouvernement de la ville a fait son choix. Quel serait le vôtre ?

Chapitre 01

Aperçu

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CHAPITRE 1

Joyeuses fêtes de l'Alliance

Quelques semaines plus tôt.

Un goût de poussière mêlée de sang. Le contact rude du sol sur sa joue.

Liah ouvrit les yeux. Déjà, son Implant Neurologique Intelligent énonçait le diagnostic de sa voix plate dans sa tête :

« Commotion : légère. Courte perte de connaissance. Secours alertés. Veuillez rester tranquille. ».

Mince !

Trop tard pour annuler l’ordre. Qu’allait-elle bien pouvoir leur raconter ?

Liah se redressa. Un éclair de douleur lui traversa le crâne. Elle porta la main à son cuir chevelu : juste une grosse bosse. Au-dessus d’elle, un bourdonnement s’intensifia. Elle leva la tête : un drone verrouillait sa position sur la scène.

A-t-il enregistré ce qu’il vient de se passer ?

Naïm… On avait enlevé Naïm sous ses yeux ! Elle n’avait rien pu faire. Impuissante, incapable de les arrêter. Et cette arme pointée sur elle…

Sa gorge se serra.

À deux mètres de là, le dernier petit carton de son déménagement gisait, renversé sur le trottoir. Elle entreprit de ramasser ses effets personnels. Les images tournaient en boucle. Les deux agresseurs, le corps de Naïm qui s’affaissait au sol, le canon noir dirigé vers elle…

Oh non, mon mug !

À la vue de cette tasse brisée, une irrésistible envie de pleurer l’envahit. Elle se reprit lorsque le feulement d’un véhicule s’approcha. Le logo familier de Syne Solutions, deux mains protectrices l’une sur l’autre qui rappelaient la lettre S. L’ambulance se gara à proximité : pas le temps de s’abandonner.

L’atmosphère encore chaude malgré le soleil déclinant gardait les rues vides. Pas de témoin, du moins à première vue. Devait-elle s’en trouver soulagée ? Elle observa les immeubles autour d’elle, les yeux humides : blocs de béton imposants illuminés de publicités colorées et animées. Dans son esprit, ces dernières tentaient d’attirer son attention :

« Madame Castello, pour vos soins, choisissez le complexe médical Haberlude, à deux pas de chez vous, le meilleur centre agréé Syne Solutions ; toutes les offres de… ». Liah leur coupa le sifflet d’une commande de son I.N.I.

— Madame Castello ? Ne bougez pas, on s’occupe de vous.

Elle sursauta. Le secouriste s’était approché sans un bruit. Un jeune homme qui arborait l’avatar vert de la corporation s’activait à ses côtés et déployait sa panoplie de robots cliniques.

Non, il ne fallait pas qu’on découvre l’agression ! Le Red Shield s’emparerait de l’affaire, on commencerait à lui poser des questions gênantes… Liah arracha la brassière à électrodes qu’il venait de lui enfiler en tentant de plaquer un sourire assuré sur son visage.

— Oh, tout va bien, ne vous en faites pas. Certainement la canicule !

Le médecin lui jeta un regard étonné.

— Ça m’arrive chaque année, insista-t-elle. Difficile à supporter au début, pas vrai ? Après on s’y fait, bien sûr, au bout d’un moment. Il faut bien un peu de temps pour que le corps s’habitue !

Elle débitait ses paroles beaucoup trop vite.

— Votre lèvre…

Elle effleura sa bouche. Sur ses doigts, des traces vermillon.

— J’ai dû me la couper en tombant. C’est rien !

— Je préférerais m’assurer que vous n’avez pas de commotion. Ne vous inquiétez pas, en cas de difficulté nous offrons des facilités de paiement.

— Ce n’est pas le cas, je n’ai rien !

Le docteur la dévisageait à présent d’un air suspicieux. Liah soupira.

— Mon I.N.I. m’aurait prévenue… Écoutez, c’est l’anniversaire de mon père, je voulais lui faire une surprise et je suis déjà en retard.

Il regarda son carton et les objets éparpillés sur le sol qu’elle continuait de ramasser.

— Vous voyez, reprit-elle, je n’ai même pas eu le temps d’emballer ses cadeaux !

Il reporta son attention sur elle. Liah s’arrêta.

— S’il vous plaît, le supplia-t-elle. Je vous promets que si je me sens mal, j’appelle les secours. Mon I.N.I. veille sur moi, de toute façon, je suis aussi employée de Syne Solutions, je bénéficie de l’application santé gratuitement, vous n’avez pas à vous en faire.

Sa dernière tirade sembla le rassurer un peu ; il haussa les épaules.

— D’accord, concéda-t-il enfin, c’est vous qui voyez. Rentrez vous reposer, buvez par petites gorgées, vous êtes probablement déshydratée. Et pas de folies, à cette fête, vous devez rester tranquille.

— Aucun souci !

— Quelqu’un peut veiller sur vous les prochaines vingt-quatre heures ?

— Oui, mes parents.

— Parfait. Prenez soin de vous alors. Bonne journée, citoyenne.

Il replia son matériel et regagna sa camionnette. Au-dessus de Liah, le drone avait disparu. Elle fourra nerveusement le reste de ses bibelots dans sa boîte.

Comme si ça pouvait passer pour des présents ! Juste quelques babioles sans intérêt…

À présent qu’elle recouvrait ses forces, un fourmillement désagréable s’emparait d’elle. Une envie brusque de frapper quelque chose, de décharger un trop plein. Son paquetage sous le bras, elle se redressa et, d’un coup de pied, envoya valser une canette vide. Que faire, à présent ?

Bon sang, ils ont kidnappé Naïm !

Qui, d’ailleurs ? Ses parents sauraient probablement comment réagir dans ce cas. Sûrement une histoire liée aux Brigades du Réveil. Une affaire sur laquelle ils travaillaient et dont elle n’avait aucune connaissance. Comme d’habitude, on lui cachait tout !

D’un pas nerveux, elle reprit le chemin de leur appartement.

De mon appartement, désormais, se corrigea-t-elle.

Assez. Dorénavant, elle voulait tout savoir. Dans quel pétrin encore venaient-ils de la fourrer ? Marre de ces secrets, de ces mensonges, de ces activités obscures. Voilà où cela les menait !

Quand son père lui ouvrit, elle entra comme une furie.

— Il va falloir songer à reprogrammer cette fichue porte. J’habite ici, maintenant, elle doit reconnaître mon I.N.I !

Décontenancé, il la laissa passer et referma derrière elle sans un mot. Sa mère surgit dans la salle à vivre. À la vue de sa fille, elle s’affola :

— Liah, que t’est-il arrivé ? Tu as eu un accident ?

Elle la repoussa, agacée.

— On peut dire ça, ouais. Ils ont enlevé Naïm. Juste devant moi.

Son annonce suspendit le temps l’espace de quelques secondes, puis son père sortit précipitamment le brouilleur qu’il alluma en lui faisant signe d’activer son inhibiteur. Elle s’exécuta et il lui prit les mains, le visage pâle.

— Qui ça, ils ?

— Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Ils ne m’ont pas laissé de carte de visite !

— Portaient-ils le brassard…

— Non, ce n’était pas le Red Shield. Ou alors pas en uniforme.

Sa mère s’interposa, l’air tendu :

— Ma puce, tu as mal ? Ton diagnostic, il disait quoi ?

— Rien de bien méchant, commotion légère, répondit Liah d’une voix plus douce.

— Oh là là, tu as perdu connaissance ? Tu as des vertiges ? Assieds-toi !

Elle l’installa dans le canapé, l’accompagnant dans ses gestes comme si Liah risquait de se briser à tout moment.

— Pas longtemps, tout va bien, ne t’inquiète pas.

L’envie de pleurer la gagnait pourtant de nouveau.

— Je vais te chercher de l’eau…

— Les secours sont venus ? reprit son père.

Son interrogation fit remonter d’un cran le stress ; Liah se raidit.

— Oui. Je les ai renvoyés avant qu’ils puissent se poser des questions, si c’est ce que tu veux savoir.

Il hocha la tête, manifestement concentré sur les faits.

— Et les drones ? continua-t-il, absorbé par le cours de sa pensée.

Liah soupira, agacée.

— De ce que j’ai pu voir, aucun témoin. Un drone stationnait au-dessus de moi à mon réveil. Il est parti dès que l’ambulance est arrivée, j’imagine qu’il ne s’est pointé que quand mon I.N.I. a donné l’alerte. Ça y est, tu as toutes les informations que tu voulais ? Satisfait ? Je n’ai pas grillé votre couverture ! Je suis venue immédiatement, je ne me suis pas rendue à l’hôpital et j’ai réussi à tromper le secouriste, acheva-t-elle d’une voix tremblante.

Sans un mot, il déballa une de ses sempiternelles sucettes. Le bruit du papier irrita Liah au plus haut point.

— C’est encore lié aux Brigades, hein ? Moi qui pensais que tout était fini après cette histoire d’Onyx, ça recommence ! Aucun répit ! Maman a failli y passer, qu’est-ce que vous voulez de plus ? Au tour de Naïm, maintenant ?

Bien sûr, personne ne la mettait au courant. Ils se lançaient dans des opérations sans lui en toucher un mot. Imaginaient-ils réellement que la laisser dans le noir la protégeait ? Non, cela l’empêchait juste d’anticiper ! Tâtonner dans l’obscurité, rien de plus frustrant. À présent, Naïm avait disparu. Où était-il ? Qu’est-ce que ses ravisseurs lui faisaient subir ?

— Qu’est-ce que vous comptez faire pour le sauver ? les interrogea-t-elle, à bout de nerfs.

Aucune réponse. Sa mère lui tendit le verre qu’elle venait de rapporter ; elle avala quelques gorgées. Le silence devenait insupportable.

— Alors ? insista-t-elle.

Sa friandise à la bouche, Xav arpentait la pièce, pensif.

— Je me demande si ça a un lien avec la disparition de Reuben, finit-il par lâcher. Il nous aurait trahis, au bout du compte ? Pourtant, ces derniers temps, Naïm m’assurait qu’il collaborait bien avec nous ; un gars efficace et volontaire. Ses vieux démons le rattraperaient-ils ? Ou bien les forces de sécurité l’ont capturé et fait avouer. Comme si c’était le moment ! D’abord mon ancien collègue que je dois recontacter, puis ça… Tout se bouscule ! Enfin, c’est étrange que ce ne soit pas une arrestation du Red Shield, pour Naïm. Tu es sûre ?

Liah lui jeta un regard consterné, la mâchoire contractée.

— Je te le répète, je ne pense pas, ou alors en tenue civile et cagoulés. Pas trop leur genre, si ? Allez, s’il te plaît, papa, n’évite pas le sujet et dis-moi franchement. Qu’est-ce que tu vas faire pour Naïm ? L’idée que tu puisses envisager de l’éliminer me fout la trouille. Et je sais bien comment vous procédez, dans ces situations. Dis-moi que tu trouveras une autre solution ?

Elle plissa les yeux, essayant de déchiffrer ses intentions.

C’est Naïm, bon sang ! Un ami !

— En tout cas, j’espère qu’il n’a pas croqué sa pilule, reprit-elle.

Son père la fixa enfin.

— Les mesures de sécurité des Brigades ne sont pas là juste pour décorer. S’il parle, beaucoup vont tomber. Il faut agir vite. Je voudrais pouvoir extraire les images de ton I.N.I., ma chérie. Suis-moi.

Liah se leva d’un bond.

— Je rêve ! Réponds-moi d’abord. Je ne te laisserai pas donner l’ordre de l’exécuter froidement.

Il découvrit ses dents en un sourire féroce.

— Les règles sont les règles. Pas d’exception. Il en va de la survie du mouvement.

Hallucinant ! Comment pouvait-il sereinement imaginer de tuer Naïm ? La rigueur et le protocole en guise de cœur.

Je le savais. C’était une erreur. J’aurais dû me débrouiller toute seule, sans eux.

— Papa ! Tu ne ressens rien ou quoi ? Je croyais Naïm ton ami !

À ces mots, les joues de son père s’enflammèrent, formant un contraste saisissant avec ses cheveux grisonnants.

— Comment oses-tu dire ça ? Tu penses franchement que c’est de gaieté de cœur, que je prends ces décisions ? Quelqu’un doit bien le faire. Oui, un ami, je le considère presque comme un fils. Je le connais depuis bien plus longtemps que toi, figure-toi. Alors tes réflexions…

— Et si c’était moi ?

Les remarques de Naïm sur le changement d’attitude de Xav lorsqu’il s’était agi de sa fille lui revenaient en mémoire.

Pas d’exception, hein ? Ben voyons.

— Moi aussi, tu m’aurais éliminée ? insista-t-elle.

Le visage de son père prit une teinte grisâtre. Sa mère lui posa une main sur l’épaule.

— Allons, ma chérie, jamais nous ne pourrions te faire de mal, tu le sais bien ! Ton père essaie juste de prendre les décisions qui s’imposent.

— Laisse-le répondre. Je veux qu’il me confirme que oui, il y a des exceptions.

Manon se retourna vers son mari.

— Xav ? On peut contourner les règles, peut-être ? Si ce n’est pas le Red Shield, il existe sûrement encore un moyen de le sauver ? Il s’agit de Naïm, tout de même.

L’interpellé conservait un visage fermé.

Bon sang, il m’agace avec cet air constipé !

— Papa !

— Tout dépend de qui se trouve à l’origine de son enlèvement. Je souhaiterais voir ce qu’il y a sur ton I.N.I., Liah, dit-il en lui caressant le bras.

D’un geste nerveux, elle se dégagea.

— Pour quoi faire ? Dénicher des indices pour le localiser dans l’optique de le sauver ? Avec plaisir, dans ce cas. Si tu cherches à le tuer, en revanche, alors je ne veux rien avoir à faire là-dedans. Hors de question que je te file un coup de main. Du coup ? Ta position ?

— La seule chose que je peux promettre, c’est de faire mon possible pour l’éviter. Ça te convient ?

Liah réfléchit un instant. De quel autre choix disposait-elle ? Isolée, elle ne parviendrait pas à le sauver.

— D’accord. Ce serment me suffit. Je sais que tu ne trahirais pas un engagement pris envers moi.

Oui, papa, c’est une menace. Si jamais tu montres de la mauvaise volonté, je ne te le pardonnerai pas.

Il leva les mains en signe de reddition. Sa petite mascarade n’amusait pas Liah. Elle le suivit d’un air maussade jusqu’au fond de la pièce. Il lui désigna leur chambre, sur la droite – Liah, elle, dormait d’habitude sur le canapé déplié, l’appartement ne disposant pas d’assez de place.

— Installe-toi sur le lit, ma chérie. Tu seras plus à l’aise. Tu te rappelles l’extracteur ? La machine pour extirper les images et les sons de ton I.N.I. ?

Elle tressaillit. Ce souvenir ne comptait pas franchement parmi les plus plaisants.

— Tu as ça ici ? Comment as-tu fait…

— Les Brigades du Réveil disposent aussi de certaines ressources, ne sois pas si étonnée. Bon, essaie de te détendre. Et surtout, ne lutte pas, laisse-toi faire, ce sera moins désagréable.

Désagréable ? Tu parles d’un euphémisme !

Dans son dos, sa mère tentait de l’apaiser.

— Rien ne t’oblige à le faire tout de suite, prends le temps de te remettre d’abord. Après ce que tu viens de traverser…

Si la proposition se montrait alléchante, Liah ne pouvait se permettre de l’accepter.

— Plus vite on obtient des informations, plus on garde de chances de secourir Naïm, pas vrai ?

— Bien sûr.

— Alors, allons-y.

Elle s’allongea et tenta de se calmer.

Relaxe tes muscles. N’anticipe pas ce qui va arriver. N’y pense pas.

La chaleur étendait une chape de plomb sur son corps. De la pièce principale lui parvint un grincement métallique. Bientôt, son père revint, portant péniblement l’extracteur, imposant et lourd, qu’il posa sur la table de nuit. Les mêmes diodes bleues que la dernière fois. Un frisson remonta le long de son échine. Liah ferma les yeux. Il écarta doucement ses cheveux et lui brancha l’électrode sur la nuque.

— Ce ne sera pas long, ma chérie. Tu peux désactiver ton inhibiteur le temps de l’opération, tu le remettras après.

Elle prit une grande respiration, essayant de s’abandonner au mieux. Le bourdonnement de l’engin la contracta malgré elle. Soudain, un flash lumineux.

C’est parti !

Quelques images défilèrent dans son esprit. Quelques sons incompréhensibles. Un léger sifflement dans les tympans, pas douloureux, juste gênant.

— Et voilà, c’est fini !

Elle rouvrit les yeux, médusée.

— C’est tout ?

Il lui sourit.

— Quand on se laisse faire et si on est dans des dispositions adéquates, ça ne fait pas mal. Je ne t’aurais jamais soumise à un protocole éprouvant, enfin, Liah ! Pour qui me prends-tu ?

Bonne question.

Elle réactiva son inhibiteur en l’observant. L’homme qu’elle connaissait se montrait doux, prévenant, chaleureux et protecteur. Celui qu’elle découvrait en dehors du cercle familial, au sein des Brigades, pouvait faire preuve de froideur, paraître calculateur, presque cruel. Cela la déconcertait. Pas étonnant qu’ils lui aient caché cet aspect de leur vie pendant toute son existence.

— Repose-toi encore un peu sur le lit, reprit-il après avoir éteint sa machine. Je vais analyser tout ça, je te dis si je trouve quelque chose d’intéressant.

Elle acquiesça, soudain fatiguée. Les paupières closes, son esprit dériva. La scène se déroulait au ralenti. Le visage contrarié de Naïm, lorsqu’elle avait suggéré d’emprunter les transports en commun pour lui éviter de boiter. Sa silhouette secouée de spasmes par le tir paralysant. Dans sa tête, Naïm glissait mollement, le son mat de sa chute sur le sol lui parvenait comme au travers d’un épais voile visqueux.

Rien ne présageait cette agression. Ils discutaient tranquillement, sans se douter de ce qui les attendait. Et tout d’un coup, un canon noir se dressait sur elle. Le choc derrière le crâne…

Liah laissa échapper une larme.

Pourquoi tu as refusé de prendre le métro ? Imbécile ! Il faisait trop chaud en plus…

— Viens voir, Liah !

Elle se redressa. Combien de temps s’était écoulé ? Plus aucune lumière ne filtrait par la vitre, hormis celles des publicités. Dans le salon, elle trouva son père en conversation avec quelqu’un sur son bracelet. Avec le mode sourdine, elle n’entendait pas ce qu’ils échangeaient et l’écran lui apparaissait grisé. Elle se traîna jusqu’à la cuisine. Sa mère grignotait une barre de chocolat noir intense, son péché mignon. Son air coupable l’amusa. Liah refusa lorsqu’elle lui en proposa et se fit couler un café au lait à la place. À ce moment, son père la rejoignit. Il semblait électrisé, plus vivant que tout à l’heure.

— Bon, j’ai l’image de l’un des deux assaillants. Bien joué, le tour du masque arraché ! Cela dit, ce coup aurait pu te coûter la vie. Au moment où tu perds connaissance, on voit le drone arriver. J’imagine que c’est ce qui les a fait fuir, sans ça, ils t’auraient éliminée. Ne tente plus jamais ce genre de chose, OK ?

Un frisson la parcourut en repensant à la scène juste avant qu’on l’assomme, aux armes des agresseurs. Dans le feu de l’action, elle n’avait pas réfléchi aux conséquences. Elle acquiesça.

— Alors j’ai cherché auprès de nos contacts, poursuivit son père. Une ancienne collègue de ta mère a bien voulu nous filer un coup de main. On l’a identifié. Maeck Cellier, un collecteur. Pas de casier, rien. On va le suivre pour voir ce qu’il fait, j’ai mis Mehdi sur le coup, c’est à lui que je parlais à l’instant. En tout cas, ce n’est pas le Red Shield, effectivement.

La nouvelle ôta un poids de la poitrine de Liah. Ils avançaient vite ! À peine deux heures après l’attaque, ils connaissaient déjà l’un des coupables ! Bientôt, ils retrouveraient Naïm. Du moins, l’espérait-elle.

— On a des chances, du coup ? De le sauver ?

Le visage de son père s’assombrit.

— Ça, on ne sait pas encore. Trop tôt pour le dire. En attendant, efface de ton I.N.I. les images de l’enlèvement et installe ça.

Il lui tendit la main. Au creux de celle-ci, un petit artefact métallique.

— Pour t’accompagner si jamais ce genre de chose se reproduit.

Elle observa la pièce.

— Un add-on ?

— Oui. Je l’ai peaufiné rien que pour toi. Ça me travaille, tu sais, tout ce qui s’est passé, ces derniers mois. Et encore aujourd’hui… C’est ma façon à moi de t’aider, de veiller sur toi, même quand je ne suis pas là.

Il échangea un regard avec sa mère.

— On en a discuté ensemble. Je suis au courant que tu ne veux pas participer aux Brigades.

Liah eut un mouvement de recul.

— Attends ! reprit-il en lui agrippant le bras. Ta mère et moi sommes d’accord avec ça, à dire vrai, cela nous soulage plutôt. Comme tu le sais, nous n’avons jamais souhaité t’impliquer là-dedans…

Il baissa la tête.

— Sauf qu’on doit regarder la réalité en face. Impliquée, tu l’es, qu’on le veuille ou non.

Liah se tourna vers sa mère. Celle-ci se tortillait les mains, mal à l’aise.

— Notre seul objectif, ma puce, c’est ta sécurité et ton bien-être, lui assura-t-elle de sa voix douce.

— Je sais, avoua Liah.

Au fond d’elle, oui, elle le comprenait. Aucune place au doute. Si leurs cachotteries et leurs dissimulations la blessaient, une certitude subsistait : leur amour pour elle.

— Installe cet add-on. On se sentirait plus tranquilles si tu le portais.

Liah hocha la tête.

— Il fait quoi, ce truc ?

— Il t’aide à t’extirper de situations dangereuses. Comme si tu bénéficiais de ma présence en toutes circonstances. Un conseil, un accompagnement à la décision d’urgence, et d’autres capacités que tu découvriras. Une I.A., je l’ai programmée rien que pour toi.

Elle fixa l’artefact au creux de sa paume. Depuis le temps, elle commençait à bien le connaître. Son père tentait-il de la manipuler pour un obscur dessein ? Peu importait. Ses parents comptaient plus que tout pour elle et elle n’imaginait pas continuer à vivre en dehors de leur cercle.

Et leur monde, ce sont les Brigades.

Elle releva les yeux vers eux et leur dit d’une voix douce :

— Tu as raison, je ne me sens pas prête à m’engager à fond dans le mouvement. Pas pour l’instant, du moins. Vous, vous êtes soulagés que je ne vous rejoigne pas ? Moi, ça me bouffe de ne pas être au courant de ce que vous faites, mise sur la touche, comme si je ne valais pas aussi bien que vos potes militants.

Son père ouvrit la bouche pour répondre, mais elle le coupa.

— Vous ne pensez pas à mal, je le sais, j’en ai conscience, vous ne cherchez qu’à me protéger, je comprends. Je vous expose juste comment je ressens les choses. Ces cachotteries et ces secrets me donnent l’impression de passer pour une imbécile. Alors, voilà : je vais entrer dans les Brigades. Vous le dites vous-même : qu’on le veuille ou non, impliquée, je le suis déjà.

Elle lui referma la main sans prendre l’objet qu’il lui tendait.

— Seulement, il me faut du temps. Garde ton artefact, pour l’instant. Ce dont j’ai besoin, ce sont des informations sur ce que vous faites, vos missions, toutes ces choses. Formez-moi, mettez-moi au parfum, que je puisse me préparer. Et quand je le sentirai, je prendrai ton add-on et rejoindrai les Brigades.

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Projet ANT Brigades du Réveil

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Lecteurs

Ce qu'ils en disent

“Il y a pas mal de rebondissements ! J’ai vraiment apprécié la fin qui était vraiment à contre rebours de ce que j’attendais. Bon suspense !”

Berly

"Alors que le tome 1 se concentrait sur Syne Solution dans le contexte de l’oppression du Conclave, ce tome 2 développe le Conclave et ses actions. Avec un point de vue supplémentaire : Valentin. J’aime beaucoup ce personnage, très bien dessiné. A chaque fois qu’il apparaît, c’est une bouffée d’air. Il est solide et cohérent, attachant et progresse constamment.”

Didier

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