8 mai 2021

J’ai lu : Les Evaporées de Cécile Duquenne

Temps de lecture approximatif : minutes

Je me suis rendue compte que l'écriture me prenait tellement de temps que j'en oubliais l'essentiel : lire !

Pour recommencer en douceur, j'ai choisi Les Evaporées, de Cécile Duquenne, que vous pouvez découvrir sur Rocambole, une application de lecture pour téléphone (mais accessible sur ordinateur) spécialisée dans les séries littéraires.

J'avais choisi cette lecture pour deux raison : la première parce que j'étais curieuse de découvrir les écrits de cette autrice dont je suis les aventures via la newsletter, la seconde parce que les séries littéraires sont un format que j'aimerais bien tester dans un prochain temps (oui, oui, une fois que j'aurai fini d'écrire ma série cyberpunk, autant dire que ce n'est pas pour tout de suite, je sais). Du coup, je voulais comprendre comment elle s'y prenait ^^

Alors, je ne vais pas tourner cent sept ans autour du pot : j'ai tout simplement adoré ma lecture ! C'est très court à lire (l'ensemble prend moins d'une heure), et c'est un récit que je vous conseille sans la moindre hésitation !

C'est bien simple, il rassemble tout ce que j'aime : des thèmes abordés à l'intrigue rondement menée en passant par une écriture entraînante, dynamique et efficace.

Ne bougez pas, je vous fais le tour du propriétaire :

Le pitch :

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Résumé

à 16 ans, Nox est désormais une chasseuse. Quittant le refuge du vaste bunker antiatomique qui l'a protégée toute sa vie d'un monde à l'agonie, elle parcourt les terres contaminées pour sauver mères fertiles et enfants d'une mort certaine et les ramener sous terre. De gré... Ou de force.

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En général, l'âge du personnage principal donne une indication sur l'âge auquel s'adresse le récit (pas toujours, hein j'ai dit "en général" !). Pour le coup, je pense qu'ici c'est une lecture à conseiller aux ados, certes, mais qui convient aussi très bien aux adultes.

les thèmes abordés dans Les Evaporées

Pêle-mêle, voici ceux que je retiens le plus après la lecture :

- les conséquences de l'effondrement écologique sur la planète : c'est un post-apo qui évoque un monde de l'après et la projection semble ma foi plutôt réaliste, tout en bâtissant un monde très imaginaire et presque onirique ; je ne sais pas comment elle a réussi ce tour de force !

- les relations toxiques, mais pas manichéennes. On suit notamment un couple, et j'ai trouvé les descriptions des relations entre les personnages très fines, pas dans le tout noir ou tout blanc, dans la nuance. ça sent le réel et en tout cas, ça a fait écho avec des situations que j'ai vécues. Ce "conte" (car il s'en rapproche au final pour moi) est résolument féministe, sans être pour autant trop "militant" à coups de gros sabots, vous voyez ce que je veux dire ?

- je viens d'évoquer un sujet féministe et en effet, ce récit part de la condition féminine, réduite à la simple expression de mère porteuse pour une partie de l'humanité. J'ai beaucoup aimé le cheminement de la protagoniste sur ce sujet 🙂

- enfin, pour moi le thème majeur : la liberté. Cette série est une ode à la liberté sous toutes ses formes et principalement au libre arbitre. Franchement, quand on voit comment évolue notre société, je trouve ce thème de plus en plus important !

L'intrigue et l'écriture de Les Evaporées

Alors là on touche au savoir-faire de l'autrice ! Une fois le récit terminé, la première chose que je me suis demandée c'est "bon sang, comment a-t-elle fait pour bâtir un univers si complet et des personnages si bien caractérisés en si peu de mots ?". Jalouse, moi ? Meuh non... Car même si la série est très courte, tout reste ficelé aux petits oignons. L'écriture s'avère presque poétique par moments, j'ai eu des images très vives en lisant le texte, pourtant aucun mot n'est superflu. J'ai l'impression que chaque phrase a été soigneusement étudiée et ciselée, du vrai travail d'orfèvre.

L'intrigue est plutôt simple, mais l'autrice arrive à garder une part de mystère jusqu'au bout, à relancer la tension régulièrement et la fin est satisfaisante pour moi (elle conclut bien, tout en laissant une ouverture pour d'éventuelles autres aventures).

En revanche, ce récit ne correspond pas à ce que j'avais en tête quand je pensais "série". Je m'explique : chaque épisode tient plus du chapitre que d'un épisode qui se suffit à lui-même (comme c'est le cas dans la plupart des séries télévisuelles par exemple). On n'a pas dans chaque épisode une mini intrigue qui trouve sa résolution (même si chacun révèle de nouvelles informations), ou pas plus que dans un roman, je trouve.

Ce qui me frustre, parce que ça signifie que je n'ai pas encore totalement compris les spécificités d'une série littéraire par rapport à une série du style Netflix. Pour moi, ce texte ne diffère pas vraiment d'une nouvelle classique ou d'une novella. C'est donc un sujet qu'il va me falloir creuser un peu plus avant de me lancer dans le projet dont je parlais au début de cet article ^^

"L'enrobage" de Les Evaporées

Ce que j'appelle l'enrobage, ce sont les éléments qui entourent la publication : le résumé de 4ème de couverture, la couverture, le titre...

Pour le coup, je suis plutôt mitigée sur celui-ci. Non pas que je ne les trouve pas adaptés après ma lecture, mais je ne les trouve pas assez attrayants pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas le texte.

Attendez, je m'explique :

La couverture met certes en avant des éléments importants du texte (le symbole qui évoque la radioactivité, le visage qui se reflète et qui fait écho à un passage important) mais je ne sais pas, je la trouve trop fade par rapport au récit. Enfin bon, les goûts et les couleurs, hein ^^ La voici pour vous forger votre propre opinion :

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Ce qui me gêne le plus, c'est le titre. Alors oui, il est tout à fait adapté UNE FOIS QU'ON A LU, il est même excellent et c'est celui qu'il fallait, en revanche, moi si je vois un titre comme ça sans savoir de quoi ça parle, j'ai tout de suite des idées qui me viennent en tête (surtout avec le visage sur la couverture), du style "ah bon, ça va parler midinette, donner une image des femmes peu reluisante, etc". Alors je vous le dis tout de suite : ne vous arrêtez pas à ces a priori, parce que ce n'est pas du tout le cas !

Bref, je suis mitigée sur cet enrobage, parce que ces éléments prennent sens après la lecture et sont cohérents après la lecture, mais ne donnent pas la teinte de ce qu'on va vraiment lire, en tous cas pour moi ^^. Heureusement, le texte d'appel corrige un peu ces défauts 🙂

Quelques mots de l'autrice :

J'ai contacté Cécile Duquenne via Instagram, et elle a bien gentiment voulu répondre à quelques unes de mes questions. Je vous livre donc cet échange :

Peux-tu te présenter brièvement ?

Cécile Duquenne, née en 1988 dans la Provence des lavandes et des cigales. Je suis autrice professionnelle depuis 2009, et j’écris de la science-fiction, de la fantasy et du fantastique tant pour la jeunesse que pour les adultes. Depuis 2019, je suis également formatrice en écriture créative : je « coache » quelques jeunes auteurs de manière individuelle, et j’ai également une école d’écriture en ligne, sur www.savoir-ecrire.fr

Comment t'es venue l'idée de cette histoire ?

Elle ne m'est pas venue toute seule, en fait... c'est le fruit d'une discussion avec le responsable éditorial de Rocambole qui, à l'époque, cherchait des récits post-apocalyptique, et m'avait contactée parce qu'il savait que c'était plutôt ma branche de spécialité ! C'est en discutant que j'ai lancé l'idée. Il y avait aussi une histoire de récit de fantasy après un tsunami, mais nous n'avons pas retenu l'idée, au final, et préféré une apocalypse beaucoup plus insidieuse avec l'idée du monde contaminé par la radioactivité... tout cela est évidemment lié à la thèse de doctorat que j'ai rédigé, sur l'accident nucléaire du 11 mars 2011 à Fukushima, qui avait succédé à un tsunami destructeur... réalité et fiction partagent plus de frontières communes qu'on ne le croit !

Pourquoi avoir choisi le format sériel ?

Là encore, c'était dans le cadre d'une commande d'un éditeur qui ne fait que des séries, donc c'était lié à la commande elle-même et je ne l'ai pas véritablement "choisi"... mais j'adore le format sériel, parce que, au contraire des romans, on a la possibilité de créer des histoires qui ne finissent potentiellement jamais. Et ça, c'est quelque chose que j'adore ! Quand on aime, on ne compte pas, et la série permet ça.

Pourquoi avoir choisi ces thèmes, se retrouvent-ils dans d'autres de tes écrits ?

Le thème de la filiation est trèèèès présent dans mes autres écrits, en effet, mais c'était la première fois que je m'y penchais en confrontant directement ce thème-ci avec celui, lié, de la maternité subie et/ou choisie... je ne suis pas (encore ?) mère moi-même, mais j'ai un âge où je réfléchis à si je veux devenir mère ou pas. Ce n'est pas une décision anodine, et en tant que concernée, écrire sur ces questions me permet aussi de réfléchir à ma propre existence. C'est cathartique, en un sens. Et pourtant... il n'y a pas grand chose de "moi" dans les personnages ou dans leurs décisions ! C'est, paradoxalement, tout à fait détaché...

En résumé, une très chouette découverte. J'ai vu qu'elle était l'autrice d'autres séries littéraires, comme Les Foulards Rouges par exemple, ou Purespace que j'ai du coup très envie de lire aussi (ce ne sera très certainement pas pour tout de suite, vue la longueur de ma PAL ><).

Et vous, connaissez-vous ses écrits ? Lequel me recommanderiez-vous en particulier ?

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