Science-fiction | dystopie | cyberpunk
Onyx

Jusqu'où iriez-vous pour sauver vos proches ?

Montélac : ville tentaculaire encerclée de terres en déclin où le chaos règne. Une alliance de cinq corporations dirige la cité, chacune d’elle gérant l’une des branches de la vie des citoyens.

Biochimiste ambitieuse, Liah joue des coudes pour atteindre le poste qu’elle convoite au sein de Syne Solutions, la firme dédiée à la santé.
Mais l’Onyx, une mystérieuse drogue, entraîne les siens dans le drame et remue un passé trouble….

Au pied du mur, les Brigades du Réveil, terroristes notoires, l’approchent et lui offrent de l’aider en échange de renseignements.

Son monde finit de basculer...

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Onyx

Syne solutions

Dans un monde cyberpunk dominé par des corporations toutes puissantes, Onyx mêle enquête et actions dans un thriller futuriste au rythme haletant.

À la croisée des chemins entre Virtual Revolution 2046, Altered Carbon et le jeu Cyberpunk 2077, ce premier tome vous entraîne à la suite d’une héroïne prête à tout pour sauver sa famille.

Si vous aimez les personnages tourmentés, les ambiances sombres et les univers dystopiques où la révolte gronde, alors la série Brigades du Réveil est faite pour vous!

Personnages Onyx

Les personnages

  • Liah, jeune biochimiste, a été élevée avec la doctrine du pouvoir en place, jusqu'à en épouser les préceptes. Quand l'impensable la touche dans sa chair, ses certitudes volent en éclat. Qui a tort ? Qui a raison ? Et surtout : à qui se fier ?
  • Naïm serre les dents et les poings ; il ronge son frein en attendant de voir un jour, peut-être, ses idéaux prendre vie et sa lutte se terminer. Tiendra-t-il jusque-là ? Ses principes moraux résisteront-il aux épreuves qu'il devra traverser ? La frontière entre le bien et le mal est parfois si floue !
  • Xav jongle entre son besoin de protéger sa fille et son devoir de meneur d'une cellule des Brigades du Réveil. Quand ces deux responsabilités s'avèrent incompatibles, quel choix opérer ?

L'histoire

  • Dans un contexte de lutte sociale, deux personnages que tout oppose devront apprendre à oeuvrer ensemble.
  • Cinq corporations gouvernent la ville de Montélac, chacune d'elle gérant l'une des branches de la vie des citoyens. L'intrigue d'Onyx nous plonge au coeur de Syne Solutions, la corporation dédiée à la santé et à la nourriture.
  • Entre sécurité et morale, que choisir ? Quel héritage léguer à ses descendants et au monde ?
  • Dans une société où les implants cybernétiques et les modifications corporelles sont la norme, où se place le curseur ? Quelles limites au transhumanisme ?

Chapitre 01

Aperçu

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CHAPITRE 1

Joyeuses fêtes de l'Alliance

Liah lissa sa jupe et contempla son reflet dans le miroir de l’ascenseur. Sa mère ne manquerait pas de commenter ses traits tirés et son teint pâle, qui contrastait d’autant plus avec ses longs cheveux bruns. Flûte, elle aurait dû se maquiller un peu, au moins pour faire ressortir ses yeux noisette, insuffler un peu de vie à son visage. Elle adressa un rictus maladroit à son double : non, il en faudrait bien plus pour se montrer convaincante.

Afin de détourner leur attention de sa mine fatiguée, elle avait choisi ses habits avec le plus grand soin ; c’était jour de fête après tout. Impossible de recourir aux artifices d’un avatar, ses parents ne les voyaient pas, ne portant pas d’I.N.I. Elle avait donc dû faire avec les moyens du bord. Si seulement ils ne se montraient pas réfractaires aux Implants Neurologiques Intelligents ! Liah avait toujours considéré que leurs vies, comme la sienne, auraient été plus faciles sans ce refus borné.

Un soubresaut secoua la cabine et une voix métallique résonna dans sa tête :

« Quinzième étage. Bonne journée, Madame Castello ».

Les portes s’ouvrirent en grinçant sur des murs bétonnés et fissurés, faiblement éclairés par une lumière vacillante. Une forte odeur d’urine l’assaillit. Liah plissa le nez et s’avança. Assis dans un liquide jaunâtre, un mince filet de bave aux coins des lèvres, un homme, la quarantaine passée, semblait contempler le plafond. Ses yeux vides et la lueur bleue discrète qui les habitait ne laissaient aucun doute : l’Oracle happait son esprit. À en juger par les spasmes qui parcouraient son corps, il devait prendre part à un combat sans merci, ou bien…

Elle le dévisagea un peu mieux.

… ou bien à une orgie quelconque. Elle grimaça. Du pied, elle poussa les jambes de l’individu qui lui barraient le passage.

— Beurk, gros dégoûtant, t’aurais pu te traîner jusque chez toi pour faire ça !

L’homme ne réagit pas, visiblement trop occupé.

Elle le contourna, s’enfonça au fond du couloir et appuya sur le bouton de l’intercom en souriant à la caméra. De l’autre côté de la paroi, les voix de ses parents bourdonnèrent. Quelques secondes plus tard, la porte s’effaça dans le mur dans un chuintement mécanique.

— Ma petite puce ! Entre, on t’attendait.

Liah serra sa mère dans ses bras. Comme à chaque fois, son parfum la rasséréna : un sentiment de plénitude l’envahit. Elle se détendit.

— Joyeuses fêtes de l’Alliance, maman !

Son père se tenait juste derrière, sa sempiternelle sucette à la bouche :

— Joyeuses fêtes de l’Alliance, Liah.

— Toi aussi, papa, dit-elle en l’embrassant à son tour.

Elle leur tendit un paquet enrubanné du vert de Syne Solutions.

— C’est un des coffrets qu’on a sortis pour les festivités. Pour vous ! C’est moi qui ai conçu la composition du « velouté aux fruits d’hiver ». J’avoue que j’en suis bien satisfaite, je trouve le goût excellent, vous me direz ce que vous en pensez !

— Oh, ma chérie, il ne fallait pas ! Ça a dû te coûter une petite fortune en plus !

Elle leva les yeux au ciel.

— Tu sais bien qu’ils font des prix pour les employés. Et puis il faut bien marquer le coup !

Elle se défit de son manteau et jeta un regard alentour. Ses parents avaient décoré la pièce aux couleurs de l’Alliance. Des guirlandes tressées bleues, rouges, jaunes, vertes et violettes, accrochées aux murs, scintillaient dans la lumière du plafonnier. Ils avaient dressé le couvert pour quatre, conformément à la coutume qui voulait qu’on prévoie de quoi accueillir quiconque s’inviterait lors de ce jour spécial. Au centre, un énorme pain de l’Alliance attendait les convives et égayait la table de ses pépites colorées.

Les notes de musique qui s’élevaient du bracelet de son père, posé sur le comptoir de la cuisine, ramenèrent Liah quelques années en arrière. Elle soupira d’aise. Tout y était : les chansons de l’Alliance, les ornements, et même cette odeur qui flottait dans l’air…

Était-ce ?

— Mmmh, ça sent bon !

— C’est une surprise. On sait que tu travailles dur, on voulait te préparer une soirée agréable, digne de ce nom !

Joignant le geste à la parole, son père se dirigea vers le fond de la pièce. À son retour, il portait un plat argenté. Liah écarquilla les yeux à la vue de son contenu. Cette texture ne pouvait définitivement pas provenir d’une imprimante ! Un regard en coin lui confirma que celle de ses parents restait bien éteinte. Elle ne put retenir un hoquet de surprise.

— Mais c’est… un vrai poulet ?

— Tadaaa ! Spécialement pour toi, ma chérie ! Et de vraies courges !

Elle avait du mal à le croire. Que c’était appétissant !

En levant la tête, sa vision buta sur un hologramme coloré du symbole de l’Alliance des cinq, qui cherchait, en vain, à camoufler une lézarde sur la cloison. Son euphorie du moment s’éteignit.

— Qu’y a-t-il, Liah, ça ne te fait pas plaisir ?

— Oh, si, bien sûr, c’est formidable !

— On s’est dit que si tu voulais continuer à formuler de chouettes petits plats, il fallait bien que tu te rappelles à quoi ressemble la vraie nourriture, de temps en temps !

Piquée, Liah se retint de réagir trop fortement. Dans sa tête, une voix synthétique l’avertit que son stress augmentait et lui demandait l’autorisation de délivrer une dose d’hormones apaisantes. Liah bloqua provisoirement le processus. Ce n’était pas le moment de devenir groggy.

— Mais c’est de la vraie nourriture qu’on fabrique, nous aussi, rétorqua-t-elle, le plus calmement possible. On y met tous les minéraux et vitamines nécessaires au bon fonctionnement du corps.

— Ce n’est pas ce que je voulais dire, bien sûr. Tu comprends notre intention, n’est-ce pas ?

— Oui.

Ses parents l’invitèrent à s’asseoir et Liah obéit machinalement. Comment leur faire entendre raison ?

— Évidemment, ça me fait très plaisir, tout ça, reprit-elle. C’est chouette de pouvoir retrouver des sensations et des ambiances de fête, comme chaque année. En revanche, j’avoue que je m’inquiète.

— Pourquoi ?

Liah se racla la gorge. Gâcher la soirée restait la dernière chose qu’elle voulait. Pourtant, il fallait bien qu’elle leur dise…

— Je pense simplement qu’un poulet, un vrai, ça coûte cher, sans compter les courges en plus. Ce n’était pas nécessaire, je n’ai plus douze ans ; inutile de dépenser des sous en cadeaux comme ça. Ce n’est pas la première fois que je vois de vrais fruits et légumes sur votre table, et je me demande si vraiment cette dépense s’avère nécessaire.

En face d’elle, sa mère prit un air triste qui lui serra le cœur. Son père, lui, fronça les sourcils.

— Ce n’est pas que ça ne me fait pas plaisir, encore une fois ! C’est mignon comme tout, vous êtes adorables ! Seulement, je sais où on en est. Je sais que depuis que vous… vous avez perdu votre travail, les économies ont fondu.

Leurs regards sévères la firent fléchir.

Eh mince ! Je vois bien que vous ne voulez pas l’entendre, pourtant, il faudra bien !

— Ça fait maintenant plus de trois mois et vous n’avez rien trouvé. Je sais que vous êtes à deux doigts de ne plus pouvoir payer le loyer, ou encore les factures d’eau recyclée. Si vous ne faites pas attention, avant même de pouvoir retrouver du travail, vous serez jetés à la rue ! Et là, plus rien ne pourra vous sauver de l’Exclusion…

Elle ravala un soupir. Son regard dériva vers la fenêtre. La lumière rasante du soir achoppait sur les murs de l’enceinte, proche, bien trop proche, qui les séparait des Exclus. Comment ses parents pouvaient-ils fermer les yeux à ce point sur ce qui les attendait ?

Elle accepta une petite dose d’endorphine et se sentit un peu mieux.

— Bon, ce n’est pas le sujet du jour, n’est-ce pas ? Ne laissons pas ce poulet refroidir. Désolée, je ne voulais pas détruire l’ambiance, dit-elle devant l’air crispé de son père.

— Tu ne détruis rien, ma chérie, reprit sa mère. Arrête de t’en faire et relaxe-toi, détends-toi.

Elle adressa un regard éloquent à son mari qui ne renchérit pas, puis posa une main sur son cœur. Liah et son père l’imitèrent.

— Louée soit l’Alliance des Cinq qui par le biais du Conclave nous guide. Syne Solutions nous nourrit et nous soigne. Apex Corp nous procure abri et énergie. Ghostech nous augmente grâce à ses technologies. MédiaStorm nous instruit et nous informe. Et le Red Shield nous protège. Puissent ces cinq corporations continuer de faire prospérer Montélac.

Liah déplia sa serviette sur ses genoux, pendant que ses parents déposaient une cuisse juteuse dans son assiette. Le parfum qui lui chatouillait les narines la fit saliver.

Ce qui est fait est fait, pas vrai ? Autant en profiter…

La nourriture, la bonne, constituait son point faible. Les saveurs raffinées des mets de qualité la faisaient fondre à chaque fois. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait goûter de tels plats, mieux valait en tirer parti et oublier, l’espace d’un instant, ses inquiétudes.

— Bon appétit !

Ces mots sitôt prononcés, elle s’empara de ses couverts. Avec cérémonie, elle détacha un bout de chair à l’aide de son couteau. La viande se séparait facilement. Elle dégusta sa première bouchée. Aussitôt, la différence la frappa ; cette fermeté, ces arômes… Ses paupières se fermèrent. Les sucs se diffusèrent sur ses papilles. Il fallait bien avouer que le coût en valait la peine ! Elle prit tout son temps pour mastiquer, afin de savourer au mieux le goût.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, sa mère la dévisageait, extatique. Elle se mit à rire.

— Ch’est vraiment délichieux !

Après tout, la situation pouvait s’arranger. Si tout se passait comme prévu, bientôt elle pourrait même payer leurs factures. Pour l’heure, autant profiter des festivités avec ses parents.

La suite du repas se déroula dans la bonne humeur. Liah dégusta le pain de l’Alliance, moelleux et frais, sans arrière-pensée. Les conversations, joyeuses et insouciantes, la revigoraient. Rien de tel que des fêtes pour remettre du baume au cœur.

Après ce festin, elle se sentait mieux qu’elle ne l’avait été depuis bien longtemps. Le vin qui accompagnait le repas, synthétique, lui, chauffait ses joues.

— Oh, j’ai failli oublier, ma petite puce. Je vais au quartier de La Plaine, demain. Tu viens avec moi, cette année ?

— Maman, je suis désolée, je ne peux pas. J’ai du boulot.

Son visage s’assombrit.

— Pourtant, demain c’est férié ! Les fêtes durent trois jours !

— Je sais bien… Cela dit, je ne peux pas me permettre de me faire porter pâle en ce moment.

— Tu travailles trop, grogna son père.

— Tu ne comprends pas, c’est que j’ai une bonne nouvelle !

Ils la regardaient, attendant la suite. Elle sourit, radieuse.

— Ça y est. Ils m’ont annoncé que j’étais sur la liste. Nous ne sommes que deux en plus. Celui qui parviendra à se rendre le plus indispensable se verra offrir le poste de responsable de la recherche au secteur nutrition.

Elle contempla leurs visages. Pourtant, ils restaient impassibles.

— Euh, c’est une excellente nouvelle, pour info, hein…

— Liah…

Aïe. Quand ils l’appelaient par son prénom, ce n’était jamais bon signe.

— Tu vas devoir travailler encore plus… Tu as déjà l’air si fatiguée. Tu es sûre que c’est ce que tu veux ?

— Tu sais que si je me débrouille bien, je pourrai obtenir ma mutation dans le secteur santé. Collaborer avec le professeur Allard, peut-être même devenir son assistante. Tu imagines ce que ça représente pour moi, non ?

— Mais à quel prix ? Tu y laisses tout ton temps, chérie, tu passes littéralement à côté de ta vie.

Une nouvelle diffusion d’hormones ne suffit pas à calmer Liah. La mâchoire crispée, elle se retenait de leur lancer quelques jurons. Tous ses efforts ne valaient-ils rien, pour eux ? Ne pouvaient-ils pas se contenter de la féliciter ?

— Réfléchis bien, Liah. Tu n’es pas obligée de te noyer dans le travail, il y a d’autres horizons. Tu as le choix. Certains vivent aussi bien sans se mettre toute cette pression.

Elle explosa :

— Le choix ? Franchement, je me demande ce qu’il faut pour vous ouvrir les yeux. Réveillez-vous !

Son père esquissa un sourire. Elle ne se laisserait pas amadouer de cette façon.

— Je n’ai pas envie de plaisanter, papa ! Les autres horizons, ils résident là, juste de l’autre côté du mur ! Maman, demain je n’irai pas distribuer des colis aux Exclus avec toi, pour la bonne et simple raison que je vais faire en sorte que vous n’en deveniez pas ! Ni vous ni moi ! Il est hors de question que je ne fasse pas ce qu’il faut ! Si tu préfères jouer les bons samaritains avec ces gens-là plutôt que de trouver une solution pour ne pas les rejoindre, libre à toi. Je ne me laisserai pas faire, moi ! Bon sang, ça ne t’a pas suffi de perdre ton job, justement pour ces… imbécillités, là ? Au lieu de penser aux autres, pense un peu à nous !

— Ça suffit, Liah ! Tu n’as aucun droit de nous parler sur ce ton ! Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes toujours tes parents, pas l’inverse ! T’alerter sur les dérives que tu prends reste de notre devoir !

Les dérives ? Alors, là, c’est le pompon.

Comment son père pouvait-il se montrer aussi aveugle à son propre sort et lui donner des leçons ?

— En revanche, moi, je n’ai pas le droit de vous dire quand vous foncez droit dans le mur ?

— Calme-toi, ma puce…

— Non, maman, ça va, j’en ai assez entendu. Merci pour le repas. La prochaine fois, économisez-vous cette peine, ça vous gagnera bien deux mois de sursis avant de finir à la rue. Demain je commence tôt, il faut que je rentre.

— Liah !

Elle s’empara de son manteau et quitta les lieux, sans un regard en arrière et sans répondre aux supplications de sa mère qui lui demandait de rester. Les larmes lui montaient aux yeux.

Merde, à la fin !

Ils n’avaient aucune conscience du monde qui les entourait. Elle ne voyait pas d’autre explication. Comment était-ce possible de se montrer à ce point insouciant ?

Elle trébucha sur l’homme à moitié affalé dans le couloir et s’engouffra dans l’ascenseur. Une fois dehors, elle se cala contre le bâtiment, le temps de se reprendre.

Le vent soufflait fort, comme souvent en cette période de l’année. Peut-être allaient-ils encore avoir droit à une tornade, cette nuit. Elle releva son col pour se protéger de la poussière qui volait et s’éloigna en direction de son appartement.

Liah habitait en collocation avec un couple d’amies, dans un immeuble un peu plus distant de l’enceinte. Les milices chargées de veiller à ce que les tentatives d’intrusion des Exclus ne puissent se solder par une réussite y patrouillaient donc moins nombreuses, ce qu’elle appréciait.

Son I.N.I. lui indiqua que le prochain tramway arrivait dans moins de deux minutes. Elle accéléra. Le sas se refermait déjà au moment où elle se faufila à l’intérieur.

« Coût : cinq crédits. Vous avez quatre cent cinquante-trois crédits sur votre compte », l’informa son I.N.I. Les chiffres défilaient sous ses yeux. Elle quitta l’application aussitôt. Constater à quel point sa fin de mois promettait de se révéler délicate ne lui remontait pas le moral. Elle aurait certes pu économiser en marchant ; elle se sentait trop fatiguée, ce soir-là.

Évidemment, il ne restait plus de place assise. Liah se blottit du mieux qu’elle put, coincée entre la paroi du wagon et les fesses d’une sexagénaire bien portante.

Par la vitre, elle regarda le paysage défiler. La nuit transformait sa ville en un kaléidoscope de lumières. Les publicités animées, comme autant de flashs, agressaient ses yeux, tandis que des voix désincarnées l’interpellaient par son nom pour vanter les services d’un restaurant, d’une boîte de nuit ou d’un bar à immersion. La migraine menaçait. D’une pensée, elle mit le son en sourdine.

Le désastre de ce soir tournait en boucle dans son esprit. Mince. Elle l’avait fait, n’est-ce pas ? Elle avait gâché tous leurs efforts. Quelle égoïste elle faisait ! Demain, il faudrait qu’elle les recontacte pour s’excuser. Ce n’était pas leur faute, ils n’y pouvaient rien, ils étaient ainsi. Leur naïveté les rendait attachants, finalement. Elle leur conférait cette générosité exceptionnelle avec les démunis, à toujours vouloir s’impliquer dans les actions de charité.

S’ils ne voyaient pas le danger venir, il lui incombait, à elle, de les en protéger. Une bouffée de tendresse l’envahit.

Son I.N.I. l’avertit qu’elle arrivait à destination. Non sans difficulté, Liah se fraya un passage vers la sortie. Une grande rafale lui colla les cheveux devant les yeux. Nul besoin de consulter le service météo pour comprendre ce qui se préparait. La tête rentrée dans les épaules, elle se dépêcha d’atteindre son immeuble.

Le brouhaha qui émanait de son appartement ne laissait aucun doute : la fête battait son plein. Il était encore tôt, c’eût été illusoire que d’espérer qu’elle soit finie à cette heure.

« Bonsoir, Madame Castello » fit sa porte en se déverrouillant, ayant reconnu l’identifiant de son I.N.I.

À peine sur le seuil, une vague de chaleur lui frappa le visage. Les cris et les rires se mêlaient en une cacophonie à la limite de l’insupportable. Maëlle et Lucy avaient convié six de leurs amis ; autant dire que la pièce se trouvait bondée. La promiscuité n’était pas son fort…

— Liaaaaaaah !!

Lucy lui sauta au cou.

— Tu es déjà rentrée ? Oh oh… C’est quoi cette mine, ça ne s’est pas bien passé ? Allez, viens boire un coup avec nous, ça va te remonter le moral !

— Je ne sais pas, je pense que je vais plutôt me reposer…

— Allez, fais pas ta rabat-joie ! Ce sont les fêtes de l’Alliance, non ?

— Demain, je travaille tôt…

— Demain est un autre jour. Allez, viens, c’est un ordre !

Liah finit par se laisser entraîner par la main, adoptant un avatar aux couleurs de l’Alliance. Comment refuser sans passer pour une asociale ? Un sourire en préfabriqué plaqué sur la bouche, elle accepta le verre tendu et rejoignit les invités.

Vers deux heures du matin, elle s’autorisa à s’éclipser. L’heure lui semblait convenable. L’esprit encore étourdi par l’alcool, elle s’affala sur son lit. Elle convoqua l’image du professeur Allard. Son I.N.I. la gratifia d’une vidéo en 3D, sans le son. C’était celle de la conférence lors de laquelle il avait dévoilé sa découverte du traitement contre les Mains Noires. Il parlait en illustrant ses propos par de larges gestes, l’air sûr de lui et confiant.

Il peut se le permettre.

Voilà quelqu’un qui marquait son temps, qui apportait sa pierre à l’édifice. Tandis que sa mère se contentait de mettre des pansements sur les maux des gens, de faire de la charité, Liah, elle, aspirait à devenir une scientifique brillante et reconnue. Elle voulait changer le monde.

Une petite voix désagréable lui souffla que sa motivation se situait peut-être plutôt dans le confort et la sécurité. Atteindre ce poste lui permettrait de ne plus se soucier de savoir comment elle ou sa famille pourraient finir le mois. Et alors ? Elle pouvait très bien allier les deux.

Lasse de ce débat intérieur et persuadée qu’elle aurait du mal à trouver le sommeil, Liah activa le mode « Oracle ». Une sensation vertigineuse s’empara d’elle tandis qu’elle accédait au menu, son corps inexistant. Elle régla le dispositif sur trois, afin de ne pas se couper entièrement du monde extérieur.

Se changer les idées, enfin.

Comme souvent, elle choisit Bluerain, son jeu favori. Après tout, elle payait l’abonnement, autant le rentabiliser. Elle se transforma en dragon et s’envola explorer l’univers imaginaire de Maardalys.


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