Ah, Noël, cette période magique où l'on célèbre la naissance de Jésus... ou pas. Parce que bien avant que le christianisme n'ait remanié cette fête à sa sauce, diverses mythologies portaient déjà en germe ce que Noël est devenu. Eh oui, les histoires ont toujours forgé les cultures des hommes... Attachez-vous bien, car nous allons déballer ces cadeaux historiques de ces "Origines de Noël."
Commençons par les origines du mot "Noël"
L'origine de ce nom est assez indéfini (ah, ben ça commence bien !). En anglais, "christmas", littéralement "la messe du Christ" est bien moins mystérieuse. Mais on a dit qu'on allait creuser du côté des origines de Noël, et celles-ci remontent bien avant l'arrivée du christianisme.
Certains attribuent au mot latin "natalis", qui signifie "natalité" l'origine du mot Noël. Pour d'autres, il faut plutôt aller voir du côté des gaulois, avec un mélange de "Noio" (nouveau) et "hel" (soleil). Soit, le renouveau du soleil.
Et en effet, comme vous allez le voir, le solstice d'hiver est dans toutes les mythologie l'occasion de célébrer le retour de la lumière.
La date : d'où vient ce 25 décembre ?
Spoiler alerte : non, ce n'est pas la date de naissance de Jésus. Ce n'est pas moi qui le dis, mais d'innombrables textes de théologiens. Et comme ce n'est pas mon domaine d'expertise, je les crois sur parole.
Non, en réalité, le 25 décembre vient... De la célébration de Mithra !
Aux origines de cette date de noël, le culte de Mithra est le plus pratiqué dans l’empire romain. Le 25 décembre, on célébrait la naissance de ce dieu perse, d’origine indo-irannienne, de la guerre et de la lumière. Plus tard baptisé Sol invictus (le soleil invaincu), ce dieu est l'ennemi de la nuit et des démons.
Le culte de Mithra est devenu une religion dans l'empire romain, pratiquée en grande partie par des hommes. Pour être intronisés, ces derniers passaient un rite d'initiation composé de plusieurs épreuves dignes de Koh Lanta.
Pour célébrer leur réussite, on les baptisait avec du sang de taureau, dans une caverne près d'une source d'eau (pour rappeler les conditions de naissance de Mithra). Puis les fêtes du solstice prenaient place, avec de grands festins.
Devant la menace de ce culte grandissant, l’Eglise a décidé de célébrer la naissance de Jésus le 25 décembre... Un peu comme elle a calqué la Toussaint au moment des fêtes de Beltaïne, comme vous pouvez le lire dans mon article consacré à Halloween.
Le sapin de Noël, d'où vient-il ?
Depuis l’antiquité, les fêtes du solstice d’hiver s’accompagnaient toujours de décorations à base de branches de sapin. Ces branches représentaient la victoire de la vie sur la mort (ces arbres étant persistants) et de la lumière sur la nuit.
Lors des Saturnales, on décorait les temples de cette façon.
Les Celtes fêtaient le solstice d’hiver en décorant leurs habitations avec du sempervirent, une plante symbole de la résistance au froid et à l’hiver.
Mais c'est de la fête de Yule que je voulais plus vous parler ici.
Lors de Julfest (ou les traditions vikings de Yule), les anciens peuples scandinaves fêtaient le passage à l’année suivante.
J'aime beaucoup cette mythologie. D'après elle, lors du solstice d'hiver, le voile qui nous séparait du monde des dieux et des morts était le plus fin. Il fallait alors se méfier des draugr, des morts-vivants vikings. Toute ressemblance avec Halloween... Bref.
Ces fêtes de Yule étaient associées à la lumière et aux jours qui rallongent enfin (là-bas, vers Noël, le soleil ne se lève plus). Ainsi, on illuminait les habitations à l’aide de bougies et on accrochait des lanternes dans des arbres qu'on coupait et ramenait chez soi : des sapins.
Voilà l'origine la plus vraisemblable des sapins de Noël. Pourquoi des sapins chez soi, vous demandez-vous peut-être ? C'est bien simple, pour les scandinaves, ces arbres symbolisaient l’arbre-monde, Yggdrasil, qui selon la mythologie nordique soutenait l’univers. Lors de Yule, le soleil revient par le biais de l’arbre.
Chouette anecdote, non ?
Aux origines du... Père-Noël
Non, le père-noël ne vient pas de Coca-Cola, comme beaucoup le pensent !
Ni du Sinterklaas hollandais (ou saint nicolas, Nicolas de Myre). Le protecteur des enfants et des faibles, qui passait dans la nuit du 5 au 6 décembre pour apporter des friandises aux enfants sages est venu bien plus tard.
Non, le père-noël tire sûrement son origine de la mythologie nordique et de la célébration de Yule, encore une fois.
Lors du solstice d’hiver, les divinités nordiques aimaient bien récompenser leurs plus fervents fidèles avec des cadeaux. Ainsi, deux dieux pourraient bien être à l'origine du père-noël :
- Thor représenté comme un vieil homme avec une barbe blanche et des habits rouges, qui se déplace sur un char tiré par des boucs,
- ou bien son père Odin, qui chevauchait Sleipnir, un cheval à 8 pattes, lors d’une chasse sauvage divine dans le ciel.
Comme autre origine du père-noël, on peut aussi éventuellement citer Belen de la mythologie gauloise, dieu solaire qui porte des bottes et une hotte.
Aux origines des agapes de Noël
Pour être honnête, dans toutes les fêtes liées au solstice d'hiver, on organisait de grands festins... Mais je vais ici m'attarder sur une mythologie en particulier, vous allez voir pourquoi.
La nuit du 5 au 6 janvier, les grecs célébraient l'épiphanie (l'apparition) de Dionysos, dieu de l'abondance. Ils organisaient alors d'immenses repas en son honneur.
Dionysos avait été démembré et mangé par les titans (leur festin de Noël à eux ?). Pour le venger, Zeus foudroya les titans. De leurs cendres sont nés les humains, qui conservaient ainsi un reste d’étincelle divine que les titans avaient dévoré. Ce qui explique pour les grecs pourquoi les humains conservent une parcelle de lumière.
Dionysos a ressuscité (un peu comme Jésus...) et en célébrant son culte les humains espéraient acquérir cette immortalité.
Comme quoi, aux origines de Noël, on retrouve toujours cette idée de lumière et de renaissance. D'ailleurs, le jour de l’épiphanie de Dionysos, on allumait des feux. Mais le plus troublant, c'est que selon la légende, on pouvait voir l’eau des fontaines se changer en vin.
L'eau en vin... Ça ne vous dit rien ?
Aux origines des cadeaux de Noël : mythologies romaines et nordiques.
Les cadeaux, une tradition qui remonte aux Saturnales ? Ou à la fête de Yule ?
Les Saturnales étaient une fête organisée en l’honneur du dieu de l’abondance et de l’agriculture, Saturne, pendant plusieurs jours en décembre. On se déguisait, on mangeait, on buvait et les lois devenaient plus clémentes (interdiction d’exécuter les criminels et les esclaves bénéficiaient d’une liberté temporaire). A l’issue des Saturnales commençait la fête des Sigillaires, lors de laquelle on s’échangeait des cadeaux. Généralement des statuettes pour orner les maisons, un peu comme les crèches plus tard.
En Scandinavie, le soir de Yule, on récupérait des objets ayant appartenu à des défunts pour les offrir aux enfants. Bon, pas très fun dit comme ça, mais cette tradition symbolisait de la passation entre générations, ce qui, avouons-le, s'avère nettement plus sympa vu sous cet angle.
Toujours pour Yule, les enfants plaçaient leurs chaussures près du sapin. Ils y mettaient du foin et du sucre pour Sleipnir, le cheval d’Odin, dans l’espoir que celui-ci leur laisse un présent lors de sa chasse divine. Les chaussures au pied du sapin, ça ne vous rappelle rien ?
Et les chaussettes accrochées au-dessus de la cheminée à Noël, alors, quelle est leur origine ?
Les chaussettes suspendues au-dessus de la cheminée ? Blâmez Frigg, la déesse germanique de la fertilité et du tissage. Elle volait au-dessus des terres lors du solstice pour apporter une nouvelle fertilité. Et comme elle était aussi la déesse du tissage, c'est logique que ça finisse par des chaussettes, non ?
Pour finir : les origines de la bûche de Noël
Comme on finit par le dessert, voici l'explication des origines de la bûche de Noël.
Rien de très mystérieux là-dedans. Comme on l'a vu, les fêtes du solstice visaient avant tout à célébrer le retour de la lumière. Ainsi, la tradition voulait, dans l'ensemble de ces cultures, à faire brûler une bûche de chêne pendant plusieurs jours.
Laisser le feu s'éteindre était signe de mauvais présage.
En conclusion
Aux origines de Noël, on retrouve un grand cocktail de mythologies, traditions et fêtes différentes. Le tout digéré à la sauce chrétienne puis consumériste pour en faire notre bon Noël d'aujourd'hui. Si vous voulez en savoir un peu plus sur la manière dont la religion monothéiste s'est emparée de ces différentes traditions pour Noël, je peux vous recommander la lecture de cet article.
Comme quoi, les histoires et les légendes ont toujours façonné notre culture, et celle-ci se nourrit de bien des sources.
Je profite de cet article pour vous rappeler que si vous souhaitez offir un roman dédicacé pour Noël (eh, on a dit consumériste, non ?) ma boutique en ligne est ouverte 🙂 Et si vous voulez lire un petit conte de Noël choupinet, je vous propose d'aller voir ICI. C'est cadeau 🙂
Sur ce, joyeuses fêtes de fin d'année !